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Les religions pratiquées au Monténégro : diversité spirituelle et coexistence

Le Monténégro, petit pays des Balkans occidentaux, se distingue par sa riche diversité religieuse, héritée d’une histoire complexe faite d’influences byzantines, ottomanes et austro-hongroises. Malgré sa taille modeste, le pays accueille plusieurs confessions, dont les plus importantes sont le christianisme orthodoxe, l’islam et le catholicisme. Dans un contexte de transition démocratique et de coexistence multiculturelle, la religion joue un rôle à la fois identitaire, culturel et parfois politique. Voici un panorama complet des religions pratiquées au Monténégro.

1. Le christianisme orthodoxe : la religion dominante

La majorité de la population monténégrine se réclame du christianisme orthodoxe, une tradition religieuse profondément ancrée dans l’histoire du pays. Selon le dernier recensement officiel de 2011, environ 72% de la population se déclarait orthodoxe.

Deux Églises orthodoxes coexistent au Monténégro :

  • L’Église orthodoxe serbe, historiquement dominante, à laquelle appartiennent de nombreux fidèles, notamment ceux d’identité serbe.
  • L’Église orthodoxe monténégrine, non reconnue canoniquement, mais revendiquée par ceux qui soutiennent une identité nationale monténégrine distincte.

Les différends entre ces deux institutions religieuses dépassent souvent le cadre purement spirituel pour s’inscrire dans un débat identitaire et politique entre Monténégrins et Serbes. Les lieux de culte orthodoxes les plus emblématiques incluent le monastère d’Ostrog, haut lieu de pèlerinage, et la cathédrale de la Résurrection du Christ</strong à Podgorica.

2. L’islam : une présence significative et historique

L’islam est la deuxième religion du Monténégro, pratiquée par environ 19% de la population. Il est principalement représenté par des communautés musulmanes sunnites d’origine bosniaque, albanaise ou slave musulmane.

Cette présence remonte à la période ottomane (XVe – XIXe siècle), lorsque l’islam s’est répandu dans les Balkans. Aujourd’hui, les communautés musulmanes sont concentrées dans des régions comme le Sandžak (notamment la ville de Rožaje), Ulcinj, Plav et Gusinje. La Communauté islamique du Monténégro est l’autorité religieuse principale pour les musulmans du pays.

Les fêtes religieuses comme l’Aïd el-Fitr ou l’Aïd el-Kebir sont officiellement reconnues. Plusieurs mosquées sont présentes sur le territoire, dont la mosquée Sultan Murat II à Rožaje, l’une des plus anciennes.

3. Le catholicisme : une minorité influente dans les régions côtières

Le catholicisme romain est pratiqué par environ 3,5% de la population, principalement dans les régions du littoral, comme Kotor, Herceg Novi, Tivat et Bar. Cette communauté est essentiellement composée de Monténégrins, Croates et Albanais catholiques.

L’archidiocèse de Bar est l’une des plus anciennes institutions religieuses du pays. Il existe également une communauté catholique croate active dans la baie de Kotor, une région au riche patrimoine chrétien.

Les catholiques monténégrins célèbrent Noël selon le calendrier grégorien, contrairement aux orthodoxes qui suivent le calendrier julien. Le dialogue œcuménique entre catholiques et orthodoxes est encouragé, bien qu’il subsiste des différences de pratiques et de traditions.

4. Autres religions et minorités spirituelles

Outre les trois principales religions, le Monténégro abrite également de petites communautés religieuses :

  • Protestants et évangéliques : Une présence discrète, souvent issue de missions internationales.
  • Juifs : La communauté juive est très réduite, mais existe officiellement. Une synagogue a été inaugurée en 2013 à Podgorica.
  • Communautés bouddhistes, hindoues ou spiritualistes : très marginales, elles sont principalement représentées par des expatriés ou des groupes ésotériques.

La Constitution monténégrine garantit la liberté de religion et la laïcité de l’État. Les groupes religieux peuvent s’enregistrer officiellement pour obtenir des droits, notamment en matière de propriété ou d’éducation religieuse.

5. Coexistence interreligieuse et tolérance

Le Monténégro est généralement reconnu pour sa tolérance religieuse et la coexistence pacifique entre communautés. Les conflits religieux sont rares et les fêtes religieuses majeures sont respectées, parfois même par des membres d’autres confessions.

Certaines villes, comme Ulcinj ou Bar, sont des exemples concrets de multiconfessionnalisme, où cohabitent mosquées, églises orthodoxes et catholiques. Le dialogue interreligieux est souvent promu par des ONG et par l’État lui-même, soucieux de préserver la stabilité sociale dans une région historiquement marquée par des tensions ethniques.

6. Religion et politique : un lien parfois sensible

Bien que la religion soit officiellement séparée de l’État, elle joue un rôle important dans la société monténégrine. Les relations entre les autorités politiques et les institutions religieuses, notamment l’Église orthodoxe serbe, sont souvent sources de tensions politiques, comme lors des manifestations de 2019 contre la loi sur les biens religieux.

Cette loi visait à transférer certaines propriétés ecclésiastiques à l’État, ce qui a été perçu comme une attaque contre l’Église serbe. Ce débat a révélé l’influence durable de la religion sur les questions identitaires et nationales au Monténégro.

Conclusion

La diversité religieuse au Monténégro est un reflet fidèle de son histoire multiculturelle. Entre orthodoxie, islam et catholicisme, les confessions religieuses participent à l’identité nationale et à la vie quotidienne de la population. Si les clivages identitaires subsistent, la tendance générale est à la coexistence pacifique et à la tolérance interconfessionnelle. Dans une région des Balkans marquée par de nombreux conflits passés, le Monténégro fait figure de modèle relatif en matière de pluralisme religieux.